Depuis le déclenchement de la crise sanitaire liée au coronavirus, on se focalise sur les malades du Covid-19, alors que les hôpitaux sont d’abord pour les malades non-Covid et il n’est pas question de priver n’importe quel citoyen de soins de santé même pendant cette période particulière.
La pandémie du Covid-19 n’arrête pas les tentatives de suicide, les cancers (deuxième cause de décès dans le monde), les accidents cardiaques, cardio-vasculaires ou de la route, les infections pulmonaires, les pancréatites…et les urgences chirurgicales de tous genres. Ce qui fait que les malades non-Covid ont aussi besoin de lits de réanimation et personne ne peut les priver de leurs droits aux soins.
Donner la chance de se soigner pour tout le monde
Pour Houcine Maghrebi, professeur agrégé en chirurgie générale à l’hôpital La Rabta à Tunis et membre du Conseil scientifique de la Faculté de médecine de Tunis, pas de sélection à l’entrée de l’hôpital même si nos établissements sanitaires sont surchargés ou mal équipés pendant cette période particulière, perturbée, voire chaotique pour certains.
Dans une déclaration accordée au quotidien La Presse, Dr. Maghrebi indique que le système de santé actuel ne s’articule qu’autour de la lutte contre le coronavirus alors que des centaines de patients doivent être pris en charge sur ces lits de réanimation et ceux équipés d’oxygène pour des pathologies autres que le Covid-19. Donc, les patients non-Covid doivent aussi continuer à se soigner, si on veut éviter des scénarios plus violents et plus difficiles.
«Malheureusement, l’arrivée de la pandémie n’a fait que confirmer encore plus ce dysfonctionnement de notre système de santé (gestion de crise, gouvernance, approvisionnement en médicaments…). Nous ne sommes plus prêts à accepter que les gens meurent par manque de moyens… Ça sera comme à la guerre, des choix devront être faits et un tri devra être réalisé alors que les malades qui sont non-Covid doivent avoir un maintien de l’offre de soins en leur faveur pour faire en sorte qu’il n’y ait pas plus de malades non-Covid que les Covid», souligne-t-il.
Plus de 28 millions d’interventions chirurgicales reportées !
Dr. Maghrebi affirme, également, que selon les résultats des dernières recherches scientifiques menées dans ce domaine, à l’échelle internationale, 33% de la surmortalité concomitante à la pandémie sont dus à des maladies non-Covid, habituellement curables mais négligées ou passées inaperçues. De même, d’après une étude menée par le groupe CovidSurg Collaborative, dont il était un de ses acteurs, le Covid-19 aurait engendré le report de plus de 28 millions d’interventions chirurgicales à travers le monde suite à l’interruption de 12 semaines de l’activité hospitalière, au profit de l’accueil des malades du Covid-19.
«Si on continue à réquisitionner les services l’un après l’autre, on risque d’aboutir à un drame pire que celui qu’on est en train de vivre. Pour ce faire, on doit être attentif et vigilant pour porter secours à tous nos patients au bon moment pour éviter des catastrophes», précise-t-il, tout en ajoutant qu’aujourd’hui, les hôpitaux n’ont pas un problème de masques ou de matériel, mais un problème de personnel, ce qui complique davantage la situation dans son ensemble.
Les hôpitaux de campagne, l’autre alternative
Dr Maghrebi indique que l’installation des hôpitaux de campagne permettrait d’alléger la pression sur les hôpitaux publics qui continuent toujours à prendre en charge les cas graves ou critiques, ainsi que toutes les autres maladies non-Covid, et ce, de manière progressive, notamment lors qu’ il y a une recrudescence, comme c’est le cas aujourd’hui. Pour ce faire, il faut aménager d’autres structures comme la salle d’haltérophilie d’El Menzah, déployer des hôpitaux de campagne pour éviter de faire noyer encore plus des ‘’services agonisants’’. Sans cela, les établissements sanitaires publics devraient retarder encore une fois des opérations urgentes et faire des choix entre des patients souffrant d’autres maladies.
«Je rappelle qu’à ce jour, on n’a pas encore rattrapé le retard d’opérations du printemps… Si on doit de nouveau les annuler, faute de places suffisantes en réanimation, on commence à rentrer dans la perte de chance pour nos malades… Pour toutes ces raisons et face à une situation alarmante marquée par la prise de décisions unilatérales, il est plus que jamais temps de tirer la sonnette d’alarme pour revoir la gestion de ces structures de santé et de la crise sanitaire dans certaines institutions dans ses multiples facettes : logistiques certes, mais surtout, organisationnelles pour éviter les pertes de chances pour les patients non-Covid», affirme-t-il.
«Quand notre service de chirurgie à La Rabta avait récupéré l’activité de ses services, réquisitionnés pour cause de Covid pendant la première vague, on avait été submergé par des pathologies diagnostiquées ou traitées à un stade tardif : lithiases simples devenue cholécystites, des hernies devenues étranglées, des malades cancéreux à des stades avancés… Nous avions fait face à des taux de pathologies compliquées dont les conséquences étaient graves: péritonites, chocs septiques, gangrènes… Nous ne pouvons plus supporter cette situation à l’heure où la pandémie du Covid-19 est en train de tuer les autres services des urgences», regrette Dr Maghrebi.
Habib
7 novembre 2020 à 10:42
Comment voulez qu’on face, l’année dernière mon père est décédé dans un hôpital vétuste dans le sud tunisien. On a tout amené à l’hôpital, les draps, les couvertures l’oreiller sans parler des pourboires aux personnels hospitaliers, c’est une honte , le médecin traitant ne parlait pas bien le français et pourtant tunisien de nationalité et je pense qu’à la faculté de médecine de Tunisie les cours sont censés être en français ? Bref il faut dans plusieurs cas raser l’hôpital et reconstruire un autre à sa place et surtout l’équiper avec le matériel nécessaire.